Je me souviens être montée à Paris pour tenter ce fameux concours d'entrée de l'école de la rue Blanche en 1982, année où je passais mon bac. Les épreuves du concours de la section Éclairagiste-Sonorisateur étaient très scolaires : math, physique, français et … connaissances théâtrales. Je me souviens qu'une question portait sur le Peer Gynt de Chéreau au Théâtre de la Ville, je n'ai pas su y répondre. En première année, 8 d'entre nous étaient admis, nous n'étions plus que 4 en deuxième année : Thierry Balasse, Alain Girot, Jean-Louis Imbert et moi. Nathalie Huchard avait rejoint la section Administration.
Je me revois remonter la rue Blanche, passant devant le théâtre de Paris pour arriver jusqu'au numéro 21. À l'entrée de l'école, juste à gauche, se trouvait un tableau sur lequel étaient affichées des invitations aux spectacles. J'en profitais au maximum, sortant aussi souvent que je le pouvais.
Nous étions impatients, nous voulions faire du théâtre, les cours de math ou de physique, trop théoriques nous ennuyaient et nous les avons boycottés. Notre prof de physique pouvait nous faire un cours d'optique sans jamais prendre pour exemple un projecteur de théâtre ! Nous préférions ce qui était nouveau : la Lumière avec Georges Negluau et Gérald Boissin, le Son avec Daniel Raguin et Étienne Bultingaire, Marie-France Ionesco nous enseignait le Français, Alfred Simon l'Histoire du théâtre, Georges Gaudu l'Audio-visuel. Je découvrais l'utilisation du son et la magie de la lumière sur un plateau de théâtre.
Les ateliers spectacles, c'est là que l'on apprenait notre futur métier. Toutes les sections travaillaient alors en parallèle, décorateurs, costumiers, administrateurs. On nous présentait les différents projets, les différentes maquettes de décor, de costumes. Le travail devenait enfin concret avec les metteurs en scène : Michel Boy (Huis-clos et Les Femmes savantes), Jean-Christian Grinevald (Le Fou et la Nonne), Pierre Vielhescaze (Le Quatrième Mur), Roland Monod (Dom Juan) et les comédiens que l'on croisera parfois plus tard : Catherine Germain, Abbès Zahmani, Azize Kabouche, Michel Bompoil, Marie-Christine Colomb, Christophe Thiry, Olivier Peigné, Éric Vigner et aussi : François Morel, Maria de Médeiros, Muriel Mayette, Kristin Scott-Thomas...
Les ateliers étaient présentés dans le petit théâtre de la rue Blanche ou au Théâtre 347, et j'ai eu aussi la chance de partir 2 fois en tournée. Tout d'abord, à Milan pour Les Femmes savantes avec Michel Boy. Ensuite, au Festival d'Avignon en juillet 1984. Au Cloître de la collégiale à Villeneuve-lès-Avignon, l'ENSATT présentait 3 spectacles : à 17h30, Le Voyage blanc d'après Jean Cocteau, mis en scène par Marie-Christine Colomb, à 19h30, Naïves Hirondelles mis en scène par Marcel Bozonnet, et enfin à 22h, Dom Juan mis en scène par Roland Monod. Jouer ce spectacle en extérieur dans un cadre comme celui-là était extraordinaire et nous obligeait à recréer la lumière, à faire les réglages la nuit après avoir répété toute la journée sous un soleil de plomb. Cela restera un très bon souvenir.
Même si je dis parfois avoir réellement appris mon métier lors de mes premières expériences professionnelles (en particulier avec Louis Faure au TNP), cette formation a été très importante pour moi. Elle m'a permis de faire de nombreuses rencontres et surtout elle m'a fait découvrir et aimer le théâtre.
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