Overblog
Editer la page Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
/ / /

L'ENSATT (rue blanche) 1985 à Paris. Cela veut dire pour moi quitter  pour la première fois la Bretagne natale et faire l'apprentissage du  théâtre à l'école avec la perspective de devenir acteur, d'exercer mon  métier et de pouvoir en vivre.

En désordre dans ma mémoire me reviennent des moments qui resteront  fondamentaux pour ce qui allait suivre. Comme ce travail obsessif que  je voulais réaliser sur "le non sens et le bonheur" de Peter Handke  édité dans un petit livre de poésie "Poème bleu" paru chez Christian  Bourgois et traduit avec grâce par Georges-Arthur Goldschmidt. Faire  et refaire inlassablement devant mes collègues intrigués les quelques  pages de ce texte. Ce poème arpentait l'expérience des premières fois,  de toutes les premières fois, les plus banales, les plus anodines et  par là même les plus importantes car vécues en conscience.

Des premières fois j'allais en vivre dans la découverte et la  connaissance de littératures inconnues jusqu'alors. Tout s'ouvrait,  tout se libérait. Et cela par la grâce d'avoir eu la chance d'être  reçu dans cette école situé pas loin de la place Pigalle et de  l'atmosphère d'interdit d'un quartier désormais touristique mais qui pouvait encore agir sur un jeune homme qui "montait" à Paris.

En vrac, ce sera aborder pour la première fois l'œuvre de Marguerite  Duras par "la maladie de la mort" qui venait d'être édité aux éditions  de minuit et commencer sans le savoir avec elle un long compagnonnage  qui provoquera la rencontre avec l'auteur quelque années plus tard à 
l'occasion de la mise en scène de son livre "la pluie d'été". Ce sera  la découverte de l'art de la mise en scène et du théâtre savant:  Corneille avec Brigitte Jaques et François Regnault parallèlement à la  lecture de Lacan, Foucault, Deleuze. Ce sera voir "Félicité" de Jean  Audureau à la Comédie-Française mis en scène par Jean Pierre Vincent. C'était une très "belle époque" du théâtre en France, riche,  stimulante, inventive, contrastée et l'on avait la possibilité en tant  que jeune étudiant d'appréhender le travail de grand metteurs en  scène: Vitez, Chéreau, Mnouchkine, Brook, Strehler, Wilson, Zadek, Grüber. C'est pendant cette année là que j'ai pris la décision de  devenir metteur en scène. Ce sera aussi sortir tous les soirs et  pénétrer ces lieux mythiques aux noms magiques: Chaillot, l'Odéon, la  Comédie-Française, la Cartoucherie, le Théâtre de Gennevilliers, celui  d'Aubervilliers et Nanterre Amandiers. Ce sera rencontrer et se faire  des amis qui comme moi venaient d'ailleurs pour devenir acteur: Maria  de Medeiros et vivre avec elle l'aventure fabuleuse d'Elvire Jouvet 40  ou bien François Morel que je devais retrouver par la suite pour ma 
première mise en scène "La Maison d'Os " de Roland Dubillard en 1991  et bien d'autres choses encore...

J'y suis resté un an à l'ENSATT avant d'entrer au CNSAD mais "la rue  blanche" restera dans ma mémoire comme l'expérience initiale du  commencement.

Eric Vigner

 

Partager cette page
Repost0

Présentation

  • : Le blog de Claude Quemy
  • : ENSATT / RUE BLANCHE, les 70 ans, un livre et aussi : Tout et son contraire: coups de gueule, etats d'âme, pensées pleines et creuses, gratouillis et tout ce qui vient et que personne ne lira ou presque.
  • Contact

Recherche