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C’était hier…… Je me vois encore dans la salle du bas passer mon monologue de Camille d’Horace en juin 1961. Je n’avais jusque là pris que des cours de diction avec Reine Lorin et je faisais partie d’un club de poètes. Je me souviens surtout de mes deux maitres en art dramatique : Henri Rollan et Pierre Valde. Ils m’ont tous deux appris l’essentiel : Henri Rollan le respect du spectateur «articules, merde» je le revois articuler,  ouvrant très peu la bouche, avec ses mains si vives et son auriculaire pointé comme lorsqu’il jouait le Cardinal D’Espagne ou le maitre de Philosophie au Français. Et Pierre Valde qui  nous demandait de nous poser ces 3 questions avant de travailler un personnage et d’entrer en scène «  d’où tu viens, où tu es et où tu vas ? » en fait c’était donner un sens à la vie du personnage. Ce qui était formidable au Centre c’était l’ambiance, la joie de tous les élèves, une effervescence dans les salles où il n’y avait pas de professeur et où l’on travaillait soit les scènes soit des pièces et….. Une telle envie de jouer.

C’est ce qui s’est passé pour moi dès le premier trimestre. A peine arrivée je me voyais enlevée par les élèves du conservatoire (Alain Pralon, Victor Beniard, Jean-Michel Devos : le père d’Emmanuelle) qui faisaient leur service militaire dans l’armée de l’air : ils avaient besoin de 2 filles pour monter Henry IV de Pirandello : le conservatoire à l’époque exigeait l’assiduité de ses élèves. Alors quelle chance pour nous : ce devait être Josée Destoop, ce fut Elia Loyer qui nous accompagna : elle resta mon amie et se maria très vite avec Maurice Clavel. C’est la plus fabuleuse tournée que j’ai faite : le commandant de bord venait nous chercher chez nous, nous étions des stars : nous sommes allés jusqu’à Dakar en DC10 et avons passé Noel sous la tente dans le désert ! Je pense aussi à mes parents qui m’avaient laissé partir ainsi, comme ils étaient en avance sur leur temps !

Puis aussitôt, je suis repartie avec  une jeune compagnie je jouais Célia des «  Caprices de Marianne ». Je me suis rendu compte à ce moment là que je n’avais pas la même image pour les uns et les autres : je pouvais passer de soubrette à grand premier rôle ! Dur, dur lorsque l’on est jeune….. Que pouvais-je jouer ? C’est bien ce que m’avait dit René Simon que j’étais allée consulter après mon échec au conservatoire : «de face, tu es moderne et de profil tu es classique ».  En fin d’année nous avons fait le festival d’Egletons où je jouais l’Apollon de Bellac sous la direction de René Dupuy. Trois pièces en un an !

La deuxième année fut plus calme, j’avais décidé d’apprendre avec mon maitre Henri Rollan, de rester sur Paris car le soir je faisais une panne dans «  Des clowns par milliers » au théâtre du Gymnase chez Marie Bell. J’ai eu la chance de côtoyer (si peu car trop timide) Simone Signoret qui venait chercher son mari, René Valmy avec qui j’ai eu le plus de contacts et Raymond Rouleau…

Au centre, nous avons joué « la fausse suivante » sous la direction de Pierre Valde. Elia interprétait le chevalier et moi la marquise. Nous répétions aussi les Choéphores avec Dominique Leverd : un travail d’élèves qui aurait pu aboutir. Par contre « la Fuite » de Tristan Tzara mis en scène par Claude Quémy au théâtre Grammont fut  un grand succès.

Et puis il y eut le concours, je présentais Elmire, j’étais en pleurs dans le jardin parce que je n’étais que septième. Jean Poiret me cherchait pour me dire que j’allais faire une grande carrière…..OUH…ouh  est-elle cette belle carrière ?

Enfin, nous étions toute une bande du centre à répéter le bossu pour le festival de Sarlat au conservatoire Maubel. Marc de Georgi jouait Peyrolles : il devint mon mari et père de ma plus belle réussite : mon fils.

En l’espace de deux ans, la rue Blanche m’avait mis sur les rails de ce métier dont j’ai toujours vécu grâce à mes deux maitres : Henri Rollan et Pierre Valde et à mes parents qui avaient su choisir la bonne école ! C’était le temps du bonheur.

Rosine Proust le 20/10/2010

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