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4 novembre 2009 3 04 /11 /novembre /2009 14:13

Il y a quelques jours un expert en tout ce qui se fait, conseiller en entreprise et tout le tralala, disait fort doctement dans une de ses causeries radiophoniques dont nous abreuve la télévision, « je ne vois pas pourquoi l'on fait autant de bruit autour des suicides de France Telecom. Le taux de suicide dans cette entreprise, n'est pas supérieur à la moyenne des grandes entreprises. »

Aussi choquant que cela puisse paraître, je crains qu'il raison.

Jusqu'à la révolution française le travail était considéré par l'aristocratie et l'élite en général comme quelque chose de méprisable. Un passage obligé pour certaines catégories défavorisées. Les seules activités nobles étant les arts en général, y compris ceux dits martiaux.

Les_mineurs_anglais_vu_par_robert_frankLa révolution bourgeoise, pour des raisons sociologiques et économiques à, tout au contraire, magnifié le travail. Celui-ci devenait la valeur suprême, au-dessus de toutes les autres. Y compris dans le domaine des arts on avait tendance à apprécier l'œuvre non pas par rapport à sa créativité, mais plutôt par rapport à la quantité de travail qu'elle contenait.

Les philosophes marxistes, sur ce plan au moins, son les derniers grands philosophes bourgeois.


Il ne s'agit pas denier le travail dans sa dimension sociale, mais il reste que dès l'origine, le travail est une violence, souvent un homicide. Pour constater cette réalité, il n'y a pas besoin de remonter aux calendes grecques : les XIX et XXe siècles avec les mines, la sidérurgie, la construction du chemin de fer, du métro, l'amiante, le bâtiment... Toute l’histoire récente est la pour nous le rappeler.

Dans ce contexte de « travail esclavage » certains ont essayé et réussi à gagner leur vie grâce à des activités essentielles pour eux. En d'autres termes, gagner leur vie grâce à leurs loisirs : il s'agit en tout premier des artistes mais aussi de certaines professions libérales (médecins, avocats, prêtres...) Mais pour ceux-là la réalité est peu différente. Le jour où ça ne marche plus...

Pour les autres, on a continué a magnifier le savoir-faire, justifiant la prostitution que constitue la vente de sa force de travail.

Aujourd'hui, la mondialisation trouve des savoir-faire moins cher ailleurs. Ce sont les "meilleurs" ceux qui avaient tout investi dans leur travail perdent tout. Leur situation est d'autant plus aggravée qu'un nouveau système de management s'est mis en place : celui de l'élimination du maillon faible. La lutte pour la vie. Le chacun pour soi. Je te marche dessus avant de me faire marcher dessus moi-même, je te trucide pour pouvoir retarder le moment où je serais moi-même trucidé. Je ne parle pas à la seulement de l'entreprise privée, mais aussi du secteur public, y compris les collectivités territoriales, où les cadres formatée à ces pratiques prennent de plus en plus le pouvoir, éliminant tout ce qui peut représenter une pensée critique. Là encore, la technique et celle de l'élimination du maillon faible.

Élimination du maillon faible, cela ne vous rappelle rien ?

Le moment est-il parvenu de remettre en cause le rapport entre l'homme et le travail avec surtout, en corollaire, le rapport entre l'homme et la culture ? Car l'homme qui n'a que son travail en guise de culture est des plus pauvres et des plus vulnérables.

Je voudrais bien quelqu'un m'explique, avec quelque raison valable, pourquoi le travail devrait être au centre de tout ?

La littérature, le théâtre, la musique, les arts plastiques, le cinéma, est ce que tout cela n'a pas une importance plus capitale que de savoir si on mis le chiffre dans la bonne colonne, opérer des gains de productivité (en d'autres termes faire suer le burnous) tout cela pour que les tenants obèses d'un fonds de pension, quelque part à l'autre bout du monde, puisse s'en mettre un peu plus dans les poches avant de mourir d'apoplexie ?

J'ai vécu il y a quelque temps une expérience extraordinaire. Un choral amateur  (l'Ensemble Vocal Des haut-de-seine) m'a demandé de mettre en scène une comédie musicale, incluant dans leur ensemble au sein de chanteurs professionnels. J'ai rarement rencontré un groupe aussi motivé, aussi ouvert au nouveau, avec autant de dispositions à innover.

Est-ce un hasard ? Il y avait certainement parmi eux des professionnels très compétents dans leur domaine, mais pour eux, le travail n'était pas tout, ils avaient une passion qui pour un grand nombre d'entre eux était au premier plan.

N'est-ce pas l'essentiel si nous voulons réellement vivre en hommes ?

P.S. : Il y à bien quelqu'un qui va me dire : Oh la la ! il a ecrit homme et ne parle pas des femmes! S'ils ont besoin de la precision pour etre convaincu de l'égalité qu'ils ou elles s'interrogent .Pour moi il n'y a pas de question. Je ne repondrais donc rien.

 

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