Quand je pense à “ La Rue Blanche “ (1969-1971), ce sont d’abord Jacques -Henri Duval (professeur de Comédie) et Jean-Paul Moulinot (professeur de Diction) qui s’imposent à moi. Un enseignement subtil teinté d’une profonde humanité. Une transmission joyeuse, surprenante, moderne.
Tout cela paraissait, grâce à eux, si simple car ils étaient grands. Une approche du jeu qui fut déterminante pour toute ma carrière. Des heures d’intense plaisir. La Rue blanche, c’était un espace idéal pour le jeune étudiant provincial que j’étais. Un véritable cocon où naissait de multiples amitiés qui plus de 40 années après sont encore vivaces. Le bonheur de retrouver un ancien est sans nom, même si le métier nous a éloignés. Je n’ai jamais eu le sentiment de compétition au sein de l’Ecole, plutôt des volontés communes d’apprendre et ensuite de réussir. Une très saine émulation. Et le travail nous semblait la seule voie possible.
J’aimais, par curiosité, me risquer chez les décorateurs, les éclairagistes, les machinistes... croiser Maitre Gaulmes, Georges Négluau, Mademoiselle Boullay et quel bonheur d’écouter Alfred Simon... Tous ces métiers qui cohabitaient sous le même toit forgeaient notre conception du Théâtre, notre manière de le pratiquer en ayant conscience de la complémentarité de toutes ces disciplines. Le comédien n’était que l’une des pièces d’un grand tout. Cela s’imprimait en nous, malgré nous. J’ai tellement aimé ces années que j’y suis revenu plus tard comme professeur de Comédie de1980 à 1991...
J’ai vécu plus de dix ans au “ 21 Rue Blanche “. Mon domicile fixe.
Michel Boy le 15/04/2011