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22 avril 2011 5 22 /04 /avril /2011 15:30

 

C’est en septembre 1981 que j’ai intégré l’ENSATT dans la la section Eclairage-Sonorisation. Seuls neuf candidats avaient été retenus au concours : Fabienne Gros, Béatrice Ly Cuong, Jean-Paul D’Arras, Antoine Delon, Patrick Dupont, Alain Gontier, Serge Le Chenadec, Carlos Perez et moi-même.

Ce furent deux années vraiment magnifiques. La possibilité donnée à des jeunes de moins de vingt ans de monter des spectacles professionnels, avec tous les corps de métier réunis dans la même école, constituait une chance que d’ailleurs nous ne mesurions pas toujours. Par ailleurs, les lieux, un hôtel particulier conçu par Charles Garnier et l’ancien théâtre du Grand Guignol, avaient un charme à la fois désuet par le décor et plein de vie par la présence des élèves. Les comédiens mettaient aussi beaucoup d’ambiance, notamment François Morel, qui avait déjà à l’époque monté un duo comique avec Marina Rodriguez Tomé, et Abbès Zahmanie qui était irrésistible de drôlerie.

 

Je garde un excellent souvenir de tous les cours artistiques et techniques, notamment le son avec Etienne Bultingaire et l’éclairage avec Georges Négluau. Venant de la Comédie Française,  ce dernier nous a également transmis le vocabulaire et les coutumes des plateaux de théâtre. Nous avons eu également comme professeurs Gérald Boissin (éclairage artistique), Christian Kovacik  (technologie), Alfred Simon (Histoire du théâtre), Georges Gaudu (Audiovisuel) , Roland Lienhardt (droit du travail), Messieurs Hanon et Bocquet (physique),  et Michel Ginane le patron de Spectalux (technologie lumière). Si je n’ai pas retenu le nom du professeur d’histoire de l’art, par contre ses cours m’ont marqué durablement. 

 

Nous avions de façon générale beaucoup d’occupations. Compte tenu de tous les professionnels présents dans l’école, les élèves éclairagistes trouvaient dès la première année des contrats occasionnels dans les nombreux théâtres parisiens. Je me souviens ainsi avoir travaillé au Théâtre Michel dans une pièce avec Jacques Balutin. Ou encore pour la chorégraphe Michelle Nadal avec si j’ai bonne mémoire Pilar Anthony et Muriel Mayette. Je me souviens également d’un cabaret musical à l’ENSATT dans lequel Jacques Haurogné avait chanté le Bal des Laze de Polnareff, avec Thierry Balasse à la batterie et moi-même à la guitare électrique. Une élève machiniste, Clémentine Hallouin, avait aussi joué le thème de la Panthère rose au saxophone. Il y avait d’autres numéros dont le souvenir m’échappe. En tout cas, les élèves s’étaient occupé des éclairages et de la sonorisation. Nous étions en effet plusieurs à vouloir travailler le spectacle musical en plus du théâtre.

 

Au chapitre des regrets, il faut noter à l’époque des manques dans le matériel : pas de magnétophone multipistes et de Nagra pour le  cours de son et pas de jeux d’orgues à mémoire pour le cours d’éclairage. Ce dernier point était frustrant car nous étions très excités par l’apparition toute récente des pupitres d’éclairage à microprocesseurs, notamment le fameux Avab 2001, bijou technologique miniaturisé proposé dans un attaché case. Néanmoins, les professeurs se débrouillaient pour contourner ces manques. Ainsi nous avions des cours de son dans les studios de  l’IRCAM et nous complétions notre formation à l’extérieur.

 

Je me souviens également qu’il y a eu un conflit entre les élèves et la direction en 1983 je crois. Pour notre part, nous contestions l’aspect trop Education Nationale de certains cours comme les maths et la physique et, plus globalement, beaucoup d’élèves, dont les comédiens, réclamaient le passage de l’école sous le giron du Ministère de la culture des années Lang. Pour l’anecdote, il y avait aussi parfois un léger conflit de concurrence entre la section éclairagiste et la section régie administration car les deux apprenaient à faire de la régie lumière.

 

Au sein des éclairagistes, il y avait une bonne entente avec la promo précédente (Bertrand Déchaumet, Philippe Lemaire…) et la promo suivante (Martine André, Thierry Balasse, Alain Girot, Jean Louis Imbert). En général, les éclairages des spectacles étaient plutôt conçus par les 2ème année, avec l’aide des 1ère année.

 

Lors de ma première année, l’école a monté « Le Roi se meurt » d'Eugène Ionesco, mise en scène de Bernard Ristroph, et « Le Misanthrope » de Molière, mise en scène de Michel Boy, création le 19 avril 1982 au Théâtre 347. Lors de ma seconde année, l’ENSATT a monté :

 

« Huis Clos » de Jean Paul Sartre ; Mise en scène : Michel Boy

avec Laurent Feuillebois, Emmanuel Courcol, Emmanuelle Rozes, Marie Christine Colomb.

 

« La surprise de l'amour », de Marivaux ; Mise en scène : Brigitte Jacques

avec Jean-Marie Blin, Jean-Pierre Lorit, François Morel, Yannick Renaud, Pilar Anthony, Catherine Corringer, Hervé Falloux

 

« Paroles », de Jacques Prévert ; Mise en scène : Michel Boy

avec Laurent Feuillebois, Emmanuel Courcol, Emmanuelle Rozes, Marie Christine Colomb

 

Ensatt.1983 affiche Italie archives.Patrick.BroguiereJ’ai eu la chance de pouvoir partir deux semaines en Italie, à Milan et à Côme avec ces trois spectacles et c’est sans doute le souvenir le plus merveilleux que m’a laissé l’ENSATT. Au Teatro Cristallo de Milan, nous avons été accueilli par des techniciens adorables, notamment Tiziano Sivieri, roi du système D à l’italienne. A Côme, l’accueil était plus froid car le Teatro Sociale est un splendide monument historique dans lequel il était impossible de planter le moindre clou. Néanmoins, le lieu valait vraiment le détour. Plus tard, j’ai retrouvé ces ambiances dans les films de Fellini, à la fois la débrouillardise du Teatro Cristallo et le côté hiératique du théâtre de Côme.

 

D’ailleurs, je n’ai jamais revécu de tournée aussi agréable dans ma vie professionnelle! J’ai encore le souvenir des petit-déjeuner italiens pris en terrasse avec capuccino et jus d’orange pressé. Voici, en plus des comédiens déjà cités, la liste des élèves qui participaient à la tournée :

Régisseurs : Michel Cerda, Nellie Lacoste, Jean-Christophe Sandmeier

Décorateur : Jean-François Thomasset

Lumières & Son : Patrick Broguière, Béatrice Ly Cuong

Costumes : Valérie Biasoto, Marie-Hélène Rinjoneau, Jean-Bernard Scotto

Machinerie : Clémentine Hallouin

 

Les seuls documents qui me restent de l’ENSATT, à part quelques cours et peut-être des conduites de spectacle au fond d’un carton, sont le tract et l’affiche de cette tournée. Sauf erreur, il me semble que cette affiche pour l’Italie montre la Célimène du Misanthrope de l’année précédente. J’ai conservé aussi le plan d’éclairage de « La surprise de l'amour » : 60 projecteurs répartis sur 24 circuits, cela donne une idée de notre travail à l’époque au Théâtre 347. Sur ce plan, on aperçoit aussi le proscenium triangulaire ajouté à la scène par le décorateur

 

J’espère que ce projet des 70 ans sera l’occasion de voir ressortir quelques belles photos de ces années ENSATT car pour ma part je n’en ai quasiment aucune.

 

Patrick Broguière

23 janvier 2011

 

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