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19 mai 2011 4 19 /05 /mai /2011 16:49

AlainD’un bond dans ma mémoire, je me retrouve en effet en cette saison 64-65, salle La Thorillière, dans le petit cercle augmenté d’auditeurs libres qui entourent l’homme à la cigarette maïs, Henri Rollan, celui qui faisait passer les anges au-dessus de nos têtes. La langue, cette langue qu’alors je parlais sans vraiment l’entendre, semblait me revenir d’ailleurs, drapée soudainement d’un superbe relief. Ainsi de Mallarmé en passant par Mounet-Sully, notre professeur nous faisant mesurer le fait que les acteurs ne sont là que pour révéler à l’oreille des assemblées la richesse des mots et leur tournure ciselée par les poètes. Plus encore : que les paroles témoignent en celui qui les profère du tréfonds de l’être. J’en reçus l’injonction durable. À contrario, ou pour descendre un peu de cet Olympe, devant l’un d’entre nous qui passait sa scène en boule de nerfs agités, je réentends notre « maître » tripotant sa cravate, l’œil rieur d’un diable, lâchant enfin les dents un peu trop serrés : « Prends du bromure ! ». Inoubliable sonorité du vocable nous emportant avec la « dernière syllabe du dernier mot de la phrase » dans les ondes d’un rire général bien qu’aucun d’entre nous peut-être n’ait su ce que bromure pouvait bien vouloir dire.

Mais, quitte à en passer par une moindre euphorie, j’évoquerai maintenant un souvenir plus fâcheux. Vers le printemps de cette même année, je me rendis au fameux cours d’ensemble car s’y déroulaient les auditions d’un spectacle lequel parmi d’autres serait au programme du Festival corrézien d’Egletons. Il s’agissait cette année-là de Dom Juan de Molière pour lequel, assez audacieusement, je postulais pour le rôle de Sganarelle. Et ma joie fut grande d’en être élu par « l’ensemble » de concert avec mon camarade Francis Arnaud qui se vit prodiguer le rôle de Dom Juan. Imaginons le bonheur des jeunes gens que nous étions et comme cela pouvait nous donner des ailes !

     Cependant, notre incomparable directeur d’école, et j’ai nommé, vous l’avez deviné, l’impayable Jean Meyer estima son temps trop précieux pour nous le consacrer et trouva préférable d’aller chercher pour ces rôles majeurs des éléments plus chevronnés à l’extérieur de l’école. Ce qui donne une idée de l’ineffable grandeur et générosité de ce pédagogue. Il faut dire qu’il émanait de cette France d’alors un épais brouillard. D’ailleurs les langues rebelles n’allaient pas tarder, elles aussi, à se délier. Il le faudra bien. Ainsi, la mémoire nous faisant parfois défaut, le meilleur et le pire peuvent s’y croiser sans s’y reconnaître. Mais bien sûr c’est le meilleur miel de cette ruche bourdonnante que je garderai de ce Centre de la Rue Blanche. Au mieux, cela nous laisse des armes contre une autre France, celle d’aujourd’hui.

Alain Macé

P.S : salut à la classe d’hier … et à tous les vents : Catherine Siriez, Bernard Cousin, Dominique Borg, Joël Demarty, Jean-Pierre Chevalier, Géard Borland, Willy Safar, Nicole Jay-Falcon, Bernard Charnassé … et Corine Gosset, Monique Verret, Chantal Aynès, A. Libolt, Rufus, JL. Moreau, PH.Etesse, JL.Thamin, Nicole Garcia, Anne Alvaro, J.Déchamps, Michel Hermon et tant d’autres …

Quelqu’un a-t-il jamais eu des nouvelles de Reda Chris ?

 

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28 avril 2011 4 28 /04 /avril /2011 18:34

 

 

 

%C3%A9cole+de+la+rue+blancheL’Ecole de la rue Blanche, sise au 21 de la rue du même nom, a formé des générations de femmes et d’hommes du théâtre (acteurs, décorateurs, techniciens, costumiers...). La Mairie de Paris, propriétaire du lieu, vient de le vendre à un marchand de biens ! C’est un pan entier de la mémoire des professionnels du théâtre qui est englouti sous des considérations mercantiles. Scandaleux ! Ce scandale est d’autant plus grand que l’Adami a été en discussion pendant cinq longues années avec la ville de Paris pour y installer « La Maison de l’artiste ». Ce projet d’utilité sociale répond à l’urgence de créer un lieu unique comme repère des artistes-interprètes, lieu d’accueil, de ressources et de services. Ces discussions ont toujours trainé en longueur alors que le bâtiment, laissé à l’abandon, livré aux squatteurs, se détériorait gravement au fil des années. L’Adami n’a pas ménagé ses efforts rencontrant les conseillers à la culture qui se sont succédés auprès du Maire de Paris, ainsi que les directrices des affaires culturelles. Des visites ont eu lieu et, à la demande des services de la ville, l’Adami a financé des études architecturales qui sont toutes restées lettre morte… Le plus fort c’est que le 10 mars 2009 le conseil de Paris a émis le vœu « Que la Ville de Paris soutienne activement le projet d’une maison des artistes interprètes (MAI) proposé par l’Adami (société civile d’administration des droits des artistes et musiciens interprètes) ». Il est difficile d’en rester là. Face à un tel arbitraire, l’Adami demande à l’ensemble des professionnels du théâtre et de toute la filière d’appuyer la pétition qu’elle lance et adressera au Maire de Paris.

 

Philippe Ogouz

Président du conseil d’administration de l’Adami

jeudi 28 avril 2011

 

Retrouvez toute l’actualité des artistes-interprètes sur www.adami.fr

  La déliberation de la Mairie de paris ICI

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23 avril 2011 6 23 /04 /avril /2011 16:51

Nous avons eu, vendredi 16 avril, une réunion de travail à Lyon avec Thierry Pariente et son équipe. Pour ceux qui, comme c'était mon cas, ne connaissent pas l'établissement lyonnais je dois dire que j'ai été impressionné par la qualité de l'outil pédagogique. Les ateliers, les salles de travail et tout l'équipement semblent particulièrement bien pensés. Le deuxième théâtre est en cours d'achèvement. Rien à voir avec la bonbonnière que certains d'entre nous ont connue au 21 rue Blanche.

Une rue Blanche à Lyon

Les locaux de l’Ensatt à Lyon sont constitués de deux bâtiments reliés par une passerelle et donc séparés par une rue intérieure. Cette rue n’a pas de nom. Thierry Pariente a décidé de la dénommer : Rue Blanche.

Un site internet pour les anciens Blanche/Ensatt

Nous sommes convenus de la transformation de mon Blog (qui est devenu, par la force des choses, notre Blog commun) en un site à part entière qui serait hébergé par le site officiel de l’Ensatt. Nous pouvons donc continuer à l’alimenter. Chaque ancien élève pourrait y avoir s’il le souhaite ses propres pages qu’il pourra alimenter lui-même (contenu : souvenirs – CV – Actualités – projets liens vers son propre site ou celui de son agent…) à préciser.

Une liste de diffusion

Nous envisageons de mettre en place une liste de diffusion. Il s’agit en fait d’une adresse mail unique qui redirige les messages que vous lui envoyez à l’ensemble des inscrits sur cette liste. Les adresses mail des inscrits n’apparaissent jamais, donc pas de spam ou de pub intempestive. Chacun décide du contenu de ses messages, chacun y répond, au choix, soit par un message accessible à toute la liste, soit par un message individuel lisible par le seul auteur du message initial. (Possibilités multiples : forum, informations diverses, projets, demande de coups de main, recherche de documentation, etc.…)

Le livre.

Dernière ligne droite. Il s’agit donc d’un 152 pages (+ couverture) avec une iconographie assez riche. Il est édité aux Solitaires intempestifs (la maison d’édition créée par Jean-Luc Lagarce)
http://www.solitairesintempestifs.com/fr/historique.html

Le nombre de sujets traités ne permettait pas de publier les témoignages in extenso (le chapitre aurait nécessité la totalité des 152 pages.) J’ai donc été amené, la mort dans l’âme, à sélectionner les extraits les plus significatifs. L’article comportera une liste complète de tous ceux qui on rédigés un témoignage et le lien vers le site ou l’on pourra les consulter dans leur entièreté (ainsi que tous ceux à venir). Je n’ai pas, pour l’instant, la date de sortie mais je vous tiendrai informés au fur et à mesure. Ne manquez pas de consulter régulièrement le site de l’Ensatt : http://www.ensatt.fr/

 

J’aimerais avoir un retour de votre part concernant ces propositions. Je ne pense pas pouvoir ni devoir porter ces projets en solitaire. La création d’une association me parait incontournable, si nous voulons les mener à bien. Faites moi savoir si vous êtes prêts à vous y impliquer comme adhérents et si possible un peu plus. J’attends vos suggestions.

Claude Quémy

 

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22 avril 2011 5 22 /04 /avril /2011 16:06

Nous manquons cruellement de documents sur la rue Blanche et sur le 347. En particulier aucun plans des deux plateaux si ce n’est un plan lumière que nous a envoyé Patrick Broguiere et pour le 347 et  un relevé de mise en scène comportant quelques plans succincts du plateau de la rue blanche que j’avais conservé. Dans les deux cas l’échelle n’est pas fiable. Donc nous sommes preneurs de tous documents : plans, photos, etc. et de toutes informations : ouverture de scène, profondeur, hauteur sous grill etc.

Qu’on se le dise !

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22 avril 2011 5 22 /04 /avril /2011 15:30

 

C’est en septembre 1981 que j’ai intégré l’ENSATT dans la la section Eclairage-Sonorisation. Seuls neuf candidats avaient été retenus au concours : Fabienne Gros, Béatrice Ly Cuong, Jean-Paul D’Arras, Antoine Delon, Patrick Dupont, Alain Gontier, Serge Le Chenadec, Carlos Perez et moi-même.

Ce furent deux années vraiment magnifiques. La possibilité donnée à des jeunes de moins de vingt ans de monter des spectacles professionnels, avec tous les corps de métier réunis dans la même école, constituait une chance que d’ailleurs nous ne mesurions pas toujours. Par ailleurs, les lieux, un hôtel particulier conçu par Charles Garnier et l’ancien théâtre du Grand Guignol, avaient un charme à la fois désuet par le décor et plein de vie par la présence des élèves. Les comédiens mettaient aussi beaucoup d’ambiance, notamment François Morel, qui avait déjà à l’époque monté un duo comique avec Marina Rodriguez Tomé, et Abbès Zahmanie qui était irrésistible de drôlerie.

 

Je garde un excellent souvenir de tous les cours artistiques et techniques, notamment le son avec Etienne Bultingaire et l’éclairage avec Georges Négluau. Venant de la Comédie Française,  ce dernier nous a également transmis le vocabulaire et les coutumes des plateaux de théâtre. Nous avons eu également comme professeurs Gérald Boissin (éclairage artistique), Christian Kovacik  (technologie), Alfred Simon (Histoire du théâtre), Georges Gaudu (Audiovisuel) , Roland Lienhardt (droit du travail), Messieurs Hanon et Bocquet (physique),  et Michel Ginane le patron de Spectalux (technologie lumière). Si je n’ai pas retenu le nom du professeur d’histoire de l’art, par contre ses cours m’ont marqué durablement. 

 

Nous avions de façon générale beaucoup d’occupations. Compte tenu de tous les professionnels présents dans l’école, les élèves éclairagistes trouvaient dès la première année des contrats occasionnels dans les nombreux théâtres parisiens. Je me souviens ainsi avoir travaillé au Théâtre Michel dans une pièce avec Jacques Balutin. Ou encore pour la chorégraphe Michelle Nadal avec si j’ai bonne mémoire Pilar Anthony et Muriel Mayette. Je me souviens également d’un cabaret musical à l’ENSATT dans lequel Jacques Haurogné avait chanté le Bal des Laze de Polnareff, avec Thierry Balasse à la batterie et moi-même à la guitare électrique. Une élève machiniste, Clémentine Hallouin, avait aussi joué le thème de la Panthère rose au saxophone. Il y avait d’autres numéros dont le souvenir m’échappe. En tout cas, les élèves s’étaient occupé des éclairages et de la sonorisation. Nous étions en effet plusieurs à vouloir travailler le spectacle musical en plus du théâtre.

 

Au chapitre des regrets, il faut noter à l’époque des manques dans le matériel : pas de magnétophone multipistes et de Nagra pour le  cours de son et pas de jeux d’orgues à mémoire pour le cours d’éclairage. Ce dernier point était frustrant car nous étions très excités par l’apparition toute récente des pupitres d’éclairage à microprocesseurs, notamment le fameux Avab 2001, bijou technologique miniaturisé proposé dans un attaché case. Néanmoins, les professeurs se débrouillaient pour contourner ces manques. Ainsi nous avions des cours de son dans les studios de  l’IRCAM et nous complétions notre formation à l’extérieur.

 

Je me souviens également qu’il y a eu un conflit entre les élèves et la direction en 1983 je crois. Pour notre part, nous contestions l’aspect trop Education Nationale de certains cours comme les maths et la physique et, plus globalement, beaucoup d’élèves, dont les comédiens, réclamaient le passage de l’école sous le giron du Ministère de la culture des années Lang. Pour l’anecdote, il y avait aussi parfois un léger conflit de concurrence entre la section éclairagiste et la section régie administration car les deux apprenaient à faire de la régie lumière.

 

Au sein des éclairagistes, il y avait une bonne entente avec la promo précédente (Bertrand Déchaumet, Philippe Lemaire…) et la promo suivante (Martine André, Thierry Balasse, Alain Girot, Jean Louis Imbert). En général, les éclairages des spectacles étaient plutôt conçus par les 2ème année, avec l’aide des 1ère année.

 

Lors de ma première année, l’école a monté « Le Roi se meurt » d'Eugène Ionesco, mise en scène de Bernard Ristroph, et « Le Misanthrope » de Molière, mise en scène de Michel Boy, création le 19 avril 1982 au Théâtre 347. Lors de ma seconde année, l’ENSATT a monté :

 

« Huis Clos » de Jean Paul Sartre ; Mise en scène : Michel Boy

avec Laurent Feuillebois, Emmanuel Courcol, Emmanuelle Rozes, Marie Christine Colomb.

 

« La surprise de l'amour », de Marivaux ; Mise en scène : Brigitte Jacques

avec Jean-Marie Blin, Jean-Pierre Lorit, François Morel, Yannick Renaud, Pilar Anthony, Catherine Corringer, Hervé Falloux

 

« Paroles », de Jacques Prévert ; Mise en scène : Michel Boy

avec Laurent Feuillebois, Emmanuel Courcol, Emmanuelle Rozes, Marie Christine Colomb

 

Ensatt.1983 affiche Italie archives.Patrick.BroguiereJ’ai eu la chance de pouvoir partir deux semaines en Italie, à Milan et à Côme avec ces trois spectacles et c’est sans doute le souvenir le plus merveilleux que m’a laissé l’ENSATT. Au Teatro Cristallo de Milan, nous avons été accueilli par des techniciens adorables, notamment Tiziano Sivieri, roi du système D à l’italienne. A Côme, l’accueil était plus froid car le Teatro Sociale est un splendide monument historique dans lequel il était impossible de planter le moindre clou. Néanmoins, le lieu valait vraiment le détour. Plus tard, j’ai retrouvé ces ambiances dans les films de Fellini, à la fois la débrouillardise du Teatro Cristallo et le côté hiératique du théâtre de Côme.

 

D’ailleurs, je n’ai jamais revécu de tournée aussi agréable dans ma vie professionnelle! J’ai encore le souvenir des petit-déjeuner italiens pris en terrasse avec capuccino et jus d’orange pressé. Voici, en plus des comédiens déjà cités, la liste des élèves qui participaient à la tournée :

Régisseurs : Michel Cerda, Nellie Lacoste, Jean-Christophe Sandmeier

Décorateur : Jean-François Thomasset

Lumières & Son : Patrick Broguière, Béatrice Ly Cuong

Costumes : Valérie Biasoto, Marie-Hélène Rinjoneau, Jean-Bernard Scotto

Machinerie : Clémentine Hallouin

 

Les seuls documents qui me restent de l’ENSATT, à part quelques cours et peut-être des conduites de spectacle au fond d’un carton, sont le tract et l’affiche de cette tournée. Sauf erreur, il me semble que cette affiche pour l’Italie montre la Célimène du Misanthrope de l’année précédente. J’ai conservé aussi le plan d’éclairage de « La surprise de l'amour » : 60 projecteurs répartis sur 24 circuits, cela donne une idée de notre travail à l’époque au Théâtre 347. Sur ce plan, on aperçoit aussi le proscenium triangulaire ajouté à la scène par le décorateur

 

J’espère que ce projet des 70 ans sera l’occasion de voir ressortir quelques belles photos de ces années ENSATT car pour ma part je n’en ai quasiment aucune.

 

Patrick Broguière

23 janvier 2011

 

En savoir plus ICI

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22 avril 2011 5 22 /04 /avril /2011 15:18

Quand je pense à “ La Rue Blanche “ (1969-1971), ce sont d’abord Jacques -Henri Duval (professeur de Comédie) et Jean-Paul Moulinot (professeur de Diction) qui s’imposent à moi. Un enseignement subtil teinté d’une profonde humanité. Une transmission joyeuse, surprenante, moderne.

JacquesHenriDuval copieTout cela paraissait, grâce à eux, si simple car ils étaient grands. Une approche du jeu qui fut déterminante pour toute ma carrière. Des heures d’intense plaisir. La Rue blanche, c’était un espace idéal pour le jeune étudiant provincial que j’étais. Un véritable cocon où naissait de multiples amitiés qui plus de 40 années après sont encore vivaces. Le bonheur de retrouver un ancien est sans nom, même si le métier nous a éloignés. Je n’ai jamais eu le sentiment de compétition au sein de l’Ecole, plutôt des volontés communes d’apprendre et ensuite de réussir. Une très saine émulation. Et le travail nous semblait la seule voie possible.

J’aimais, par curiosité, me risquer chez les décorateurs, les éclairagistes, les machinistes... croiser Maitre Gaulmes, Georges Négluau, Mademoiselle Boullay et quel bonheur d’écouter Alfred Simon... Tous ces métiers qui cohabitaient sous le même toit forgeaient notre conception du Théâtre, notre manière de le pratiquer en ayant conscience de la complémentarité de toutes ces disciplines. Le comédien n’était que l’une des pièces d’un grand tout. Cela s’imprimait en nous, malgré nous. J’ai tellement aimé ces années que j’y suis revenu plus tard comme professeur de Comédie de1980 à 1991...

J’ai vécu plus de dix ans au “ 21 Rue Blanche “. Mon domicile fixe.

Michel Boy le 15/04/2011

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22 avril 2011 5 22 /04 /avril /2011 15:14

De : anne.kreis

Date d'envoi : lundi 11 avril 2011 15:50
À : Anniversaire70ans
Objet : L'immeuble de la rue Blanche a été bradé !

Mauvaise nouvelle :
Par la délibération 2011 DU 14 adoptée en Conseil de Paris le 29 mars 2011, la Ville a cédé à la société JGS INVEST l’hôtel particulier situé 21 rue Blanche, qui a accueilli, entre 1942 et 1997 l’ENSATT, plus connue comme « l’Ecole de la Rue Blanche ».

Cet établissement a formé plusieurs générations de professionnels du théâtre : metteurs en scène, habilleurs, acteurs, costumiers, machinistes… dans un bâtiment remarquable dont les façades et les toitures sont inscrites à l’Inventaire Supplémentaire des Monuments Historiques (ISMH). Par ailleurs un jardin d’hiver implanté à l’arrière du bâtiment donne sur un jardin de 258 m²…

Ce patrimoine inestimable, d’une superficie de 1850m2, a été cédé pour 5 200 000 € à la société JGS INVEST, soit un coût minime inférieur à 3000 € / m2.

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11 avril 2011 1 11 /04 /avril /2011 20:08

La Rue Blanche a 70 ans ! Pour moi, elle en a 20 : Promotion 91-93 section costumier réalisateur.

J’avais 15 ans quand je suis tombée sur une photo dans un cahier de l’ONISEP d’un élève de l’école faisant une toile sur mannequin d’une robe Médicis. Ce fut décisif ! C’est costumière que je serais et dans cette école!

Mon premier contact avec la Rue Blanche fut Mme Janvier dans son «aquarium ». Je venais chercher les annales du concours (tout petit cahier format B5 de couleur différente suivant les années, tapé à la machine et polycopié) : première épreuve de couture éliminatoire, deuxième épreuve moulage puis expression écrite pour 8 heureux élus seulement! A l’époque, c’était la seule école en France qui préparait au métier de costumier, et publique de surcroît. Après avoir fait les études nécessaires et passé mon bac technique en couture, je pouvais enfin me présenter au concours. Enfin presque, car je me revois quelques semaines avant lire et relire l’histoire du théâtre, livre qu’on m’avait offert, pour ne pas me faire recaler avec l’expression écrite. Je revois aussi encore ma sœur le jour des résultats. Arrivée bien avant moi et mon frère (eh oui, toute la famille était sur le qui vive!), descendant la Rue Blanche et me faisant des grands signes pour m’annoncer que j’étais reçue.

Le premier jour de rentrée des classes je revois aussi Pierre Betoulle faire une entrée magistrale et nous dire : «  Ici, on apprend à être des costumiers réalisateurs, des techniciens et non des créateurs de costumes » . La technique, la technique et encore la technique. C’était honnête et direct mais ça en a fait fuir un! Puis ce fut la rencontre avec mes camarades (certains le sont toujours). Juste huit élèves, on fait vite connaissance! Une des mes surprises fut la petitesse des salles de classe mais surtout qu’on ne peut pas se cacher les uns derrière les autres vu notre tout petit effectif.

Je garde encore en mémoire certains fous rires, certaines blagues, certaines moqueries entre nous, jamais nous ne nous sommes pris au sérieux. J’ai aimé ces deux années d’enseignement même si parfois je trouvais cela un peu trop scolaire. J’ai aimé ce lieu, cet hôtel particulier et  notre salle de classe avec sa rotonde et je fus désolée de voir cet immeuble se délabrer après que l’école se soit installée à Lyon.

Grâce à Maïté qui s’occupait de la bibliothèque nous avons eu la chance de pouvoir aller au théâtre gratuitement presque tous les soirs. Quel bonheur et que ce fut formateur! Je n’y suis jamais autant allée qu’à cette époque là! Ce qui fut aussi formidable c’est qu’il nous était permis d’accepter des propositions de travail. A nous de nous débrouiller pour récupérer les cours non suivis. Cette souplesse nous a permis de nous confronter à la réalité et ainsi de commencer à se construire un réseau. Même si, déjà, le fait de faire cette école était une carte de visite.

Ce fut l’époque de ma prise de conscience du statut des intermittents du spectacle et de sa complexité. Et l’époque aussi de ma première manifestation pour le statut des intermittents (eh oui déjà !). Monsieur Pinchon, notre professeur d’histoire du costume et de l’art, y fut un peu pour quelque chose !!!

Je suis ravie de pouvoir aujourd’hui, grâce à cette initiative de livre d’or, remercier tout particulièrement Pierre Betoulle, Lydie Delbart, Laurence Blavette et Marie- France Ionesco qui, pendant ces deux années et encore aujourd’hui m’ont confortée dans mon choix et m’ont donné les bases techniques solides pour devenir professionnelle. Leur enseignement était en adéquation avec la réalité du terrain de cette époque et en faisait une section d’excellence. Aujourd’hui créatrice de costumes, je suis aussi ravie que cette école reste encore une référence et qu’une section «créateur de costumes» ait été ouverte. Car c’est une profession à part entière qui n’est enseignée nulle part ailleurs.

 

 Le site d'Adelaïde Gosselin ICI

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11 avril 2011 1 11 /04 /avril /2011 19:26

bernard COUSINJe suis entré au Centre d’Art Dramatique de la rue Blanche à l’automne 1963 après avoir travaillé un an à la « Communauté théâtrale » de Raymond Rouleau et Yves Brainville (excellents professeurs au demeurant !)

Tous les personnages pittoresques de la rue Blanche ont déjà été écrits par d’autres et je n’y reviendrai pas.

Mais c’est sûr que cette époque de formation où on faisait du théâtre de 10 h du matin à 17 h (plus les extras qu’on pouvait faire le soir) fut une grande période créative et un grand plaisir.

Il est vrai qu’après l’annonce des « reçus » Melle Lehot nous disait : « On vous a accepté non pas parce que vous étiez les meilleurs mais parce que vous étiez les moins mauvais » ! Quel accueil !

J’ai été distribué dans la classe de Jacques Henri Duval qui était grand comme moi et qui m’a appris, du coup, à ne pas trop gesticuler en scène. C’était un bon comédien mais il est parti trop tôt…

Cependant dès la 2è année je demande à entrer au cours renommé d’Henri Rollan. Dans tout ce que je viens de lire comme témoignages sur ce grand comédien les avis sont unanimes : l’excellence ! Certes il ne me convenait guère car lui, était plutôt petit et faisait de grands gestes  (alors que Duval m’avait appris à en faire peu) mais la culture de Rollan, son humanisme et son immense amour de la langue française nous fascinaient tous. Sa diction était unique et on la reconnaissait entre mille. (Son écriture aussi d’ailleurs – un peu à la Erik Satie…)

Ses cours se passaient ainsi : « Bon ! ben qui passe ? » commençait-il.

Un ou une volontaire se levait, suivaient deux ou trois répliques rapidement interrompues par H. Rollan. Alors il parlait, il parlait, du personnage, de l’auteur, du style, des expériences personnelles, des souvenirs, il établissait beaucoup de correspondances avec la musique, il nous faisait souvent rire. Ca pouvait durer 30 ou 40 minutes. Puis ensuite il s’arrêtait et disait : « Bon, ben, maintenant vas-y ! » Et il est vrai que la scène changeait !

Henri RollanJe veux signaler aussi qu’un coffret souvenir, après sa mort a été réalisé par Jean Périmony. Bien sûr ce sont des disques vinyles, (comme on dit maintenant) et il y avait une belle iconographie et je joins ici en PJ l’une de ses plus belles photos de cette époque. Nous avions 20 ans et nous ne rendions pas compte combien il était déjà âgé (il était né en 1888 !) et très malade. Bien sûr nous allions régulièrement l’entendre dans son grand rôle de l’époque « le Cardinal d’Espagne » à « l’usine nationale » comme il appelait alors « le Théâtre Français ».

Je possède encore un enregistrement d’un de ces cours : (la première scène de : le jeu de l’Amour et du hasard – Néron et Junie – le médecin malgré lui et lui-même dans un extrait du Cardinal Cisneros). C’est sur K7 mais tout à fait audible. Quelle émotion quand je l’écoute : c’est vraiment la voix d’outre-tombe !

 On peut dire – et on le ressent nettement dans les témoignages déjà écrits – que les élèves « qui ont eu »  Rollan comme professeur en ont été marqués à vie. C’est comme une filiation que nous avons reçue, une filiation de la bonne diction française de « l’art de bien dire » selon ses propres termes. Il était très respecté (mais assez coléreux aussi) et je me considère personnellement comme possesseur d’un héritage de l’art de bien dire que je tâche encore actuellement de communiquer.

J’avais aussi comme professeur d’ensemble Jean Meyer – qui m’avait « à la bonne » étant aussi grand que lui – et qui m’a fait comprendre bien des choses sur Molière (dont il était spécialiste) sur l’art de dire et de jouer Molière, dans un certain mouvement, sans trop s’attarder sur des subtilités et tout cela donnait du dynamisme et du rythme à la scène. Bien sûr il connaissait les différentes éditions de Molière, les bonnes et les moins bonnes et nous en instruisait.

Je n’ai jamais compris qu’on ait donné le cours de diction et de poésie à Robert Manuel qui convenait plus pour faire travailler la comédie.

Bien sûr j’ai été aussi distribué dans plusieurs spectacles montés par René Dupuy et par Jean Meyer lui-même.

Je parle dans mon site (bernardcousin.com) des conditions d’entrée bien plus difficiles que maintenant puisqu’on n’entrait qu’en simple auditeur (sans couverture sociale !) et ce n’était qu’au bout d’un an, après un examen, qu’on avait véritablement le statut d’étudiant ! Les élèves comédiens d’aujourd’hui ont bien de la chance !

Bien que beaucoup décrivent une ambiance bon enfant et cordiale la discipline de la rue Blanche était cependant très scolaire et assez stricte ! Il y avait un « surveillant général » et des punitions (par exemple recopier en entier un classique). Ca paraît incroyable de nos jours ! Il y avait aussi l’appel de tous les élèves deux fois par jour ! Et des interphones dans les classes permettaient à Melle Lehot de nous surveiller, depuis son bureau, pour savoir si on travaillait véritablement ! Et si ce n’était pas le cas elle nous rappelait à l’ordre par ces hauts parleurs répartis dans chacune des salles !

Il y avait aussi des chahuts ! J’ai beaucoup chahuté Paul Blanchard qui était bien intéressant cependant et à la cantine j’ai lancé un « petit suisse » sur « le surveillant général » ce qui m’a fait passer en conseil de discipline et exclure de la cantine !

Et puis ensuite le « Centre d’Art Dramatique » est devenu l’ENSATT et j’ai dû passer à 40 ans le concours de sortie pour des raisons professionnelles !

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4 avril 2011 1 04 /04 /avril /2011 18:28

 

 

Des lieux, un itinéraire, des rencontres... par Gilles GLEIZES

 

 

 

G.GleizesQuand je me rappelle de mon séjour à l'ENSATT, de 1979 à 1981, ce sont d'abord les lieux qui me reviennent en mémoire.

Dans ma tête, j'ouvre à nouveau la lourde porte en verre et fer forgé. J'entre dans le hall et monte l'escalier, large colimaçon bordé de marbre qui me mène au petit théâtre du second étage. Puis je redescends jusqu'à la délicate verrière des scénographes, m'aère dans le jardin, gravis les marches en pierre de son escalier, traverse la Rotonde et entre dans la salle La Grange aux hautes fenêtres. Je vais faire un tour dans l'atelier encombré des costumiers, et la petite bibliothèque aux teintes acajou. Je redescends encore et arrive à l'atelier des machinistes dont je respire l'odeur si particulière de sciure.

Ensuite je sors, vais à quelques mètres de là, rue Chaptal, et pénètre dans le Théâtre 347, contemple ses boiseries néo-gothiques, vestiges du temps du Grand Guignol. J'entre alors dans la salle aux fauteuils rouges avec sa scène large comme un écran de cinéma mais peu profonde, vais faire un tour dans les loges au premier étage, enjambe une fenêtre et gravis le toit de plomb jusqu'à la petite régie dans laquelle je suis arrivé trempé un jour d'orage...

           

Ensuite  je reprends par la pensée l'itinéraire que j'ai suivi dans cette école.

Je suis rentré en section régie administration. En fait, je n'étais intéressé ni par la régie ni par l'administration mais par la mise en scène. Cependant je n'échappai pas pour autant à ces deux disciplines le long de mon parcours professionnel, car mon travail de metteur en scène m'amena maintes fois à faire de la régie et de l'administration.

Au cours de ma scolarité, je montai « Grand-Peur et Misère du Troisième Reich » de BRECHT avec des élèves de toutes les sections; ce spectacle créé dans le petit théâtre des locaux de la rue Blanche fit ensuite l'inauguration du Théâtre 347 lorsqu'il fut rattaché à l'ENSATT. Je fus aussi assistant sur « Le Bouc » de FASSBINDER.

Quelques années plus tard, je fis partie du jury pour le concours d'entrée des comédiens.

 

Lorsque je fus sorti de l'école, je ne m'en éloignais tout d'abord pas de beaucoup. En effet ma première mise en scène fut « L'éveil du Printemps » de WEDEKIND qui se reprit un peu plus haut, rue Fontaine, à la Comédie de PARIS, avec une équipe artistique et technique majoritairement constituée d'anciens de l'ENSATT.

D'ailleurs beaucoup de personnes rencontrées dans cette école (membres de la direction, professeurs et surtout élèves) jouèrent un rôle dans ma carrière. Ils participèrent à mes spectacles, m'aidèrent à les monter et à les exploiter, me recommandèrent ou encore me donnèrent la possibilité d'enseigner.

 

Mon séjour à l'ENSATT fut donc l'occasion de faire mes armes en tant que metteur en scène ainsi que de faire des rencontres importantes sur le plan professionnel.

 

 

 

Le site de Gilles GLEIZES ICI

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